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Le fil

15 janvier 2008

Blog en sommeil

Son auteur s'est perdu en route.

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12 novembre 2007

Citoyens

2 décembre 2007. Les Russes sont appelés à élire leurs députés. Et tout porte à croire que Russie Unie, le parti du président Poutine remportera la victoire haut la main.

"Ah oui, c'est quand?", m'a répondu une étudiante quand j'ai évoqué les élections avec elle. Un jeune ingénieur travaillant pour une entreprise allemande installée à Moscou n'a, quant à lui, rien prévu pour pouvoir voter ce jour-là, alors qu'il sera en déplacement dans une autre région du pays. D'ailleurs, il n'est pas certain de l'endroit où il doit voter, dans sa ville natale ou à Moscou, où il travaille.

Et voter pour qui? "Tu me conseillerais quoi?" me suis-je entendu demander, interloquée.

Les élections ne sont pas un sujet de conversation. Ou de manière très marginale. Pourtant, la télévision diffuse régulièrement des spots incitant les citoyens à aller voter, des affiches officielles sont placardées dans les couloirs du métro montrant par exemple un jeune couple portant un enfant dans ses bras, avec comme slogan "pour l'avenir de la Russie". Et quelques meetings et manifestations ont lieu régulièrement dans la capitale.

"Le statu quo jusqu'à la révolution, comme d'habitude. Il n'y a que de cette façon que les choses changent ici", estime une historienne moscovite.

Mais elle ne semble pas pour aujourd'hui, cette révolution. Le pouvoir vertical mis en place par Vladimir Poutine en Russie est trop bien conçu pour pouvoir laisser place à un changement dans un avenir proche.

Après les élections, ma vieille prof de russe à la retraite continuera vraisemblablement de se désoler de la perte des valeurs et de la montée de l'individualisme au sein de la société russe, dirigée par un pouvoir autoritaire qui n'a que faire du peuple. Comme avant.

12 novembre 2007

Aux lecteurs

Vous êtes perdus? Vous ne savez plus où se trouve l'auteur de ces lignes? entre Moscou, Berlin, Paris?
Ne vous inquiétez pas, le problème n'est pas de savoir où je me trouve maintenant. J'ai encore quelques petites choses à raconter sur Moscou alors Le Fil continuera de publier des histoires de là-bas même si je les écris d'ici.

9 novembre 2007

Les acteurs (3)

Le pope

J'ai croisé le regard d'un pope en redressant la tête pour voir un peu ce qu'il se passait devant, alors je me trouvais au milieu de l'assemblée des fidèles orthodoxes réunis pour la messe du samedi soir.
Je ne sais pas ce qu'il a pensé, "Qui est-ce? un intrus dans notre église? une nouvelle croyante?". Pour sûr, j'étais facilement repérable, avec mon foulard sur la tête mis probablement de travers comparé aux autres femmes de l'assistance. J'avais demandé à mon amie de m'aider à mettre un platok, obligatoire pour cacher les cheveux, mais très vite il avait glissé de sorte que je devais sans cesse le tirer vers l'avant. Je ne sais si c'est la chaleur qui régnait dans l'église (je n'avais pas enlevé mon manteau au début de la cérémonie, pensant m'éclipser rapidement) ou ma situation inconfortable, debout au milieu des fidèles qui faisaient des signes de croix et se prosternaient à une cadence inégalée, mais je me voyais rougir et suer à grosses gouttes au fur et à mesure que l'office avançait.
Natalya avait tenu à m'emmener avec elle. J'avais accepté, enfilant jupe et foulard, les attributs nécessaires à une femme pour entrer dans une église orthodoxe.
Au même endroit, un an auparavant, j'étais entrée, avais jeté un coup d'oeil à l'intérieur de l'église où l'office commençait et étais ressortie.
Cette fois, je suis restée. J'ai fait le tour des icônes que les croyants embrassent, puis me suis glissée entre les babouchkis, les jeunes mères et les hommes sans expression, tous debout pendant une cérémonie qui dure deux heures au minimum.
Je me suis laissée bercer par les chants religieux et les prières psalmodiées en slavon (vieux russe) et envoutée par les odeurs d'encens. Quand les prêtres ont commencé à se tourner vers les fidèles et à avancer au milieu de la foule pour disperser les fumées d'encens, j'ai imité mes voisins jetant de petits coups d'oeil discrets à droite et à gauche. Rester la tête baissée, se tourner au fur et à mesure que les prêtres progressent pour toujours être face à eux, mais sans les regarder (si j'ai bien compris). Là, j'ai commencé à me dire qu'il fallait que je m'en aille, que ma place n'était pas là, même si l'atmosphère si particulière incitait à se fondre dans la foule absorbée dans ses prières.
J'ai évité de croiser à nouveau le regard du grand prêtre à la barbe noire et drue et au chapeau noir, caractéristique des chefs religieux orthodoxes, et suis sortie dans l'obscurité et le froid d'une soirée d'automne.
Quelques parents se penchaient au dessus du landau où leur enfant dormait ou criait pour une raison indéterminée. Un ou deux mendiants trainaient en attendant que l'office se termine.
J'ai pris le chemin du retour, ai attendu dix bonnes minutes avant de pouvoir traverser l'avenue, où le flot des voitures ne s'interrompait pas et suis rentrée, un peu perdue, dans la barre d'immeubles où j'habitais. J'avais vécu une expérience extraordinaire mais étais soulagée d'en être sortie.
Je me souviendrai de ce regard perçant du grand prêtre au dessus de la foule des fidèles.

Plus tard, j'ai appris que le mot "pope" a une connotation familière et péjorative pour les Russes qui préfèrent parler de "prêtre". J'ai du coup hésité sur le titre de cette histoire. Pour un public francophone, "pope" est cependant plus évocateur.

8 novembre 2007

Berlin, entre Est et Ouest

Comment mieux qu'à Berlin comprendre l'Europe de l'Est? Tout juste débarquée de Moscou, je m'en vais faire un tour à la librairie Dussmann, sur Friedrichstrasse, dans l'idée de rapporter un peu de littérature germanique en France. Hormis deux ou trois classiques, je cherche tout particulièrement le livre de Vladimir Kaminer et sa femme Olga "Küche totalitär. Das Kochbuch des Sozialismus" (Cuisine totalitaire. Le livre de cuisine du socialisme) paru en 2006. Cet ouvrage comprend des recettes de cuisine des anciennes républiques de l'Union soviétique (Ukraine, Azerbaidjan, Ouzbékistan, Lettonie, entre autres) assorties de petites histoires, comme sait si bien les raconter Vladimir Kaminer. Cet Allemand originaire de Russie, est connu pour les soirées Russendisko qu'il organise à Berlin, rapidement devenues une institution de la capitale, et ses livres plein d'humour sur son quotidien ainsi que celui de tous ceux arrivés de l'Est comme lui dans les années 1990 en Allemagne, après l'éclatement de l'Union soviétique.
"Küche totalitär" devait figurer dans ma cuisine, évidemment!

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6 novembre 2007

Les acteurs (2)

Animaux

Les rues de Moscou fourmillent de chiens errants. Ils sont parfois couches dans les stations de metro pour se tenir au chaud mais, la plupart du temps, ils sont simplement dehors, pres des centres commerciaux ou dans les parcs, en bande ou par petits groupes de deux ou trois. Ils n'ont pas l'air aggressif. Des gens doivent leur donner a manger de temps en temps.
La semaine derniere, ils ont fait parler d'eux, a leur corps defendant. Un restaurant chinois, soupconne de servir de la viande de chiens a ses clients au lieu de veau ou de mouton, a ete ferme par la police. Situe au bas d'un immeuble de logements pour etudiants etrangers dans le sud-ouest de Moscou, ce restaurant avait ete l'objet d'alertes par des habitants du quartier qui s'etaient etonnes de voir arriver la nuit des vans dont on debarquait des "sacs avec quelque chose qui bouge a l'interieur".
Les analyses pratiquees sur des echantillons de plats servis dans ce restaurant ont montre qu'il s'agissait bien de viande de chiens errants, malades pour la plupart.

Il y a aussi des gens qui ont des animaux "de compagnie", et qui achetent des boites de Froskies ou de Kite-Kat a l'hypermarche du coin. Ceux-la achetent egalement les produits de marque etrangere disponibles dans les rayons du meme magasin, papier toilette Kleenex, spaghetti Barilla, yaourts Mamie Nova entre autres, a des prix plus eleves que ceux pratiques a Paris.

5 novembre 2007

Les acteurs de cette petite aventure moscovite (1)

Dans les transports

Le gros monsieur au visage rond et applati, originaire des steppes d'Asie Centrale, qui m'a propose ce matin de m'aider a porter mon sac. Il s'est tourne vers moi et, du haut de l'escalier, a lance : "Pamotch?" (de l'aide?).
"Da, spaciba!"

Je vais m'en souvenir de ce "Pamotch?".

Peu apres, a la sortie du train express qui m'amenait a l'aeroport, deux jeunes qui m'avaient enervee pendant le trajet en faisant profiter le wagon entier du film americain qu'il regardait sur leur ordinateur portable, doublage russe a fond, se sont finalement pousses du coude pour savoir lequel allait porter mon sac... J'allais pas refuser! "Spaciba bolchoe!" Merci du "Pamotch?"

Les gens qui vous aident a porter votre sac existent, ici comme ailleurs, les gens qui ne vous aident pas aussi.

Les caissieres et controleuses des stations de metro par exemple sont dans l'ensemble aigries. Meme scenario que l'an passe, un ticket de metro qui ne marche pas, il fait "bip" a chaque fois que je le passe dans la machine qui clignote en rouge. Je m'en vais demander comment regler le probleme a une, deux, trois de ces charmantes personnes, en vain. Je gagne juste le droit de faire la queue au guichet bonde de la station "Ouniversitet" pour m'entendre dire qu'elle ne s'occupe pas de ca, qu'il faut s'adresser ailleurs. Ah oui, ou? Ailleurs. Et derriere vous, une foule de voyageurs impatients d'acheter leur ticket... Hihiiiii, de quoi devenir dingue.

Autre circonstance, autre attitude. Youlia fait tomber sa "chapka" sur les rails du metro. La controleuse, ni souriante ni desagreable, nous renvoie au poste de "militsi" (police) present dans la station. Le fonctionnaire vraisemblablement endormi sort de sa taniere, va chercher un agent du metro qui reapparait peu apres equipe d'une immense pince. Et nous voila le long du quai, assorties de ces deux gais lurons, le gros endormi en uniforme de policier et le petit a la pince, a la peche a la chapka. Mission accomplie sans encombre. Ca doit arriver souvent.

5 novembre 2007

Decalage horaire

Une fois posee mon gros sac dans un coin du bus, je cherche une place libre pour m'assoir. Une vieille Allemande me sourit, je m'installe a ses cotes avec mes autres bagages sur les genoux. Elle fait une petite plaisanterie sur le fait qu'on ne peut pas pousser les parois du vehicule pour avoir plus de place.

Ma tete est farcie de mots russes qui s'entremelent aux mots allemands des conversations tout autour. Un groupe de fonctionnaires arrive de Bonn, se plaint de l'accueil a Berlin. Le chauffeur n'a pas voulu vendre un ticket a l'un d'entre eux car il ne pouvait rendre la monnaie sur 20 euros. Les vieux Allemands ralent.

Moi, j'avais ressorti les euros qui trainaient au fond d'une enveloppe pour payer une "Fahrkarte" et j'avais reflechi avant de m'adresser au chauffeur. L'annee derniere, au meme endroit, je bafouillais en russo-allemand, "ein biliet' bitte, spasiba"... Le conducteur avait fait une drole de tete.

La mamie a cote de moi a l'air gentille. Je lui demande l'heure pour verifier qu'il est bien deux heures plus tot qu'a Moscou et voir si je suis a nouveau capable de faire une phrase en allemand.

- "Madame, s'il vous plait. Il est bien midi moins vingt?
- Ah non!
J'ai une seconde de doute, me dis que je suis vraiment tres fatiguee et que j'ai du me tromper en changeant l'heure sur mon portable... ou alors ma voisine n'y voit rien car les aiguilles de sa montre semblent bien, a mes yeux, etre positionnees sur cette heure-la.
- Il est midi moins dix-sept."

Je ne sais quoi ajouter et retourne dans mon brouillard linguistique. Plus tard, l'atterrissage.

1 novembre 2007

Question d'habitude

Mes amis russes sourient gentillement face a mes craintes de rentrer tard et seule le soir, dans le noir. Tout le monde fait ca ici, point de peur a avoir, cela fait partie du quotidien de marcher dans l'obscurite pour rentrer chez soi... Si on ne le fait pas, on ne peut pas vivre hors de chez soi. Tout est question d'habitude. Et les forces de l'ordre presentes a chaque coin de rue ne vont a priori pas m'arreter... Il suffit de passer son chemin. Je commence a en prendre conscience et me dis finalement que je pourrais vivre ici. Il s'agit simplement de prendre d'autres habitudes.

J'ai demenage une nouvelle fois ce soir. Troisieme appartement a Moscou en trois semaines. En fait, je suis revenu dans le premier logement que j'avais occupe l'annee derniere. Nouvelle cohabitation avec une jeune Russe un peu paumee, qui loue son appartement aux etrangers de passage. Mais cette fois-ci, je suis la en amie et non comme "etrangere". De nouvelles perspectives s'ouvrent. Au moins pour mes trois derniers jours a Moscou...

Pasmotrim! (nous verrons bien!)

Do skorava!

30 octobre 2007

Pas encore disparue dans la foule moscovite...

Je suis bien encore la. Simplement, depuis quelques jours, il m'est plus difficile d'avoir acces a un ordinateur. Question d'organisation. Et le changement d'heure ce week-end n'a pas arrange mes affaires, la nuit tombe desormais autour de 17h, plongeant les ruelles et petits chemins dans le noir... Houhou, vite vite rentrons damoyi (a la maison) boire du the et regarder les novosti sur NTV, "la chaine de Gazprom", comme on l'appelle ici, sur pervyi kanal, la premiere chaine publique, ou sur TV TS ("Ц"), une chaine moscovite - privee ou non? "Personne ne sait vraiment ce qui est prive ou ce qui ne l'est pas maintenant...", explique une amie russe.

La foule moscovite ne m'a pas encore happee. Je ressors jusqu'a present toujours entiere de mes plongees dans le metro (en moyenne, je passe 3 heures par jour dans les transports). Je ne me suis pas noyee dans la Moskva, ni perdu dans le brouillard qui aujourd'hui genait les avions pour atterrir et decoller de l'aeroport Domodedovo, le plus proche du centre de Moscou et le plus moderne.

Je continue a apprendre le russe avec Lidya Mikailovna. Elle me raconte des episodes de sa vie tourmentee - comme peut l'etre l'existence d'un Russe - entre la correction de mon "dnievnik" (journal de bord) en russe et la lecture d'un article du quoditien gratuit Метро (et oui, ici aussi il existe). Nee en 1933, cette grande mamie aux yeux clairs impose le respect et je me mets dans mes petits souliers quand je n'ai pas fait tout le travail demande... Oups, non, euh... le texte non je ne l'ai pas lu... Et je me rattrape en la branchant sur autre chose, la cuisine par exemple ! - mon sujet fetiche, vous le savez deja. Ca y est, elle a accepte de me reveler le secret de fabrication de son борщ (le borch, en francais). Mon petit cahier "special cuisine" comporte desormais deux recettes : la salade винегрет "vinaigrette" en francais (mais les Russes ont transforme notre sauce en une salade, sans vinaigre en plus...) et la soupe d'origine ukrainienne борщ. J'entrevois aussi comment preparer le щи (chchi), cette soupe a base de chou, de carottes et de pommes de terre, un classique dans les cuisines russes.

Il parait qu'il va neiger a la fin de la semaine. L'hiver s'annoncerait-il? Nous verrons. En attendant, je ne vais pas tarder a prendre le chemin de ma maison, emmitouflee dans mon manteau, avec echarpe autour du cou et des gants, evidemment. A la station de metro, je reverrai peut-etre les policiers qui devisageient tous les passants tout a l'heure quand je suis arrivee. Il me semble en voir beaucoup plus que l'annee derniere, partout dans les rues, aux stations de metro, proches de habitations... Des policiers par-ci, des hommes en uniforme par-la, militaires, membres de la police ou du FSB? Il y aussi une foule d'agents de securite en tout genre, un vrai business ici... Le magazine Ogoniok en faisant meme le theme principal de son numero la semaine derniere.

Ca ne me rassure pas en tout cas. Et ma prof de russe de commenter : "Pfff... Tous ces jeunes qui sont dans la securite, apres, ils ne savent pas travailler!"

Heure locale : 17h16

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