Journaliste

Aujourd’hui, Papy d’en bas lavait son tapis dehors, sur le côté de l’immeuble. Un travail pénible. Il avait posé sa canne sur le côté et, penché au-dessus du tapis, l’arrosait, le frottait avec une brosse. Il me demande si j'ai trouvé du travail. "Pourquoi pas dans la restauration? là il y a du boulot. Courage!"
Il veut laisser sécher son tapis dehors cet après-midi et, ce soir, le rentrer chez lui pour la nuit. Il mettra du temps à sécher.

Un peu plus tard, on frappe à ma porte. C’est lui, coiffé de sa casquette et appuyé sur sa canne. Il sort de la poche de sa veste un petit paquet de journaux soigneusement pliés, qu’il me tend : « Les dernières nouvelles... sorties hier ! Tu veux bien être journaliste ? ». Je prends le paquet et découvre au milieu des vieux journaux une tablette de chocolat. Sourire. Au moment où je commence à lire les titres des journaux, je m’aperçois qu’ils datent de 1939, 1940-41… Excelsior, L'Oeuvre, L'Intransigeant, Aujourd'hui, le Matin m'apprennent les dernières nouvelles de la France pendant la guerre. Deux cartes de La Poste tombent tout à coup du paquet que j’ai entre les mains. Celles-là, Papy d’en bas veut les garder. Il s’en retourne, après avoir refusé le thé que je lui proposais.

Il était sur le pas de la porte le jour où nous avions emménagé. Il nous accueillait en quelque sorte. Je lui avais alors demandé s’il habitait là depuis longtemps. « J’étais là bien avant ta naissance! », m'avait-il lancé. Le papy d'en bas s'était fait connaître.