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Le fil
10 septembre 2007

Echos

Radovan Karadzic et Ratko Mladic courent toujours. Les anciens chefs politique et militaire des Serbes de Bosnie, inculpés le 25 juillet 1995 de crimes de guerre par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), sont encore libres. Et Florence Hartmann, ancienne journaliste au Monde et porte-parole du procureur du TPIY entre 2000 et 2006, affirme dans son livre "Paix et Châtiment" publié aujourd'hui, que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et la Russie n'ont rien fait pour les arrêter, craignant que le procès mettent en lumière l'inaction des grandes puissances face aux massacres, chacune défendant ses propres intérêts dans le conflit.

"Karadzic et Mladic n'ont pas été traduits en justice pour ne pas raviver le souvenir du choix inavouable des grandes démocraties occidentales de sacrifier la population de Srebrenica en l'abandonnant sciemment à ses tortionnaires, puis en privant ses survivants de leurs terres et d'un jugement", écrit-elle.

Cette information aurait peut-être été absente de ce blog si je ne venais pas justement de terminer la lecture d'un roman d'Andreï Kourkov dont la chute m'avait laissé quelque peu sur ma faim ou, tout du moins, surprise, compte tenu du reste du livre. A la fin de "Les pingouins n'ont jamais froid", suite du "Pingouin", Andreï Kourkov donne à Victor et son pingouin Micha l'occasion de quitter une vie des plus mouvementées et incertaines en Ukraine, en s'embarquant sur un voilier croate dans le port de Split. Mais là, très vite, Victor est à nouveau rattrapé par la folie du monde. La belle Vesna avec laquelle il vient de passer la nuit lui révèle que son père Mladen et son ami Radko viennent en fait de Bosnie, qu'ils sont accusés de crime de guerre et que, par conséquent, le bateau vogue non pas vers l'Antarctique mais vers l'Argentine où des amis serbes les attendent...

Extrait :
"Mladen pointait simplement son index, épais et long, en direction de la cicatrice qui ornait sa tempe droite. Il suivit du doigt les deux marques qui subsistaient, une verticale et une horizontale.
- Tchétchénie, expliqua Victor.
Mladen poussa un soupir de soulagement et souleva son débardeur rayé, dévoilant les traces de plusieurs blessures par balles sur sa poitrine et ses épaules.
- Bosnie.
Une croix orthodoxe en or tenue par une cordelette émergea soudain d'un pli du vêtement. Elle était mal façonnée, artisanale. Victor la fixa comme s'il y cherchait, au-delà de la forme particulière, une signification nouvelle, inconnue.
- Tu n'es pas juif, au moins? s'enquit Mladen, brusquement sur ses gardes.
- Non, je suis ukrainien. De parents russes.
- Nous, les Slaves, nous devons être unis, articula-t-il lentement, semblant réciter une leçon.
Il prit Victor par les épaules, l'attira à lui et lui donna l'accolade.
- Je suis heureux pour toi, mon fils, dit-il d'une voix vibrante. Si tu la traites mal, je te tue. Si elle te traite mal, c'est ton problème. Compris?"
("Les pingouins n'ont jamais froid", suite de "Le pingouin" d'Andreï Kourkov, traductions françaises parues respectivement en 2004 et 2000)

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