Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le fil
21 septembre 2007

Arkhangelsk

De passage à l'automne dernier à Arkhangelsk, ville du nord de la Russie européenne, j'avais été interpellée par cette cité portuaire, au bord de la mer Blanche, sans réussir vraiment à en percer le mystère. Simplement, par petites touches, cette ville m'était apparue. Plate, étendue le long de la rivière Dvina, calme en ces journées d'automne, fraîche et éclairée d'un soleil timide.
Au club Internet où nous allions nous connecter au reste du monde, les enfants et adolescents russes faisaient des jeux en réseaux, agglutinés devant leur écran dans une salle sombre, leur blouson encore sur le dos.
Au restaurant où un soir nous étions aller dîner, la serveuse en mini-jupe ne daignait pas comprendre mon russe bien modeste. Elle avait fini par nous apporter des plats aux noms tout à fait inconnus à nos oreilles. Une seule autre table était occupée.
Le grand hôtel Dvina, sur l'artère principale de la ville, était lui aussi des plus calmes. Et les hôtes de cet établissement ressemblaient plus à des hommes d'affaires qu'à des touristes.

Arrivés par hasard dans une immense librairie au rez-de-chaussée d'un immeuble, nous avions décidé d'y acheter une carte de la région d'Arkhangelsk. Quelle ne fut pas notre surprise quand, sur un tourniquet de guides touristiques, nous dénichâmes un livre sur la ville d'Arkhangelsk, écrit en russe et... en français. Un guide bilingue, quoi. Des hommes et femmes de cette ville avaient eu la bonne idée qu'un jour certainement des Français viendraient jusque-là. Depuis, "Vous avez dit Arkhangelsk? Guide des monuments historiques et culturels d'Arkhangelsk et de ses curiosités" trône fièrement dans ma bibliothèque.

Arkhangelsk, c'est aussi une femme forte et avenante rencontrée dans l'entrée de l'ancienne église luthérienne, "Kirka", qui aujourd'hui est une salle de concerts philharmoniques. Etonnée et ravie de nous voir là, elle s'était empressée de nous faire visiter le lieu malgré les répétitions en cours, en nous faisant admirer le fameux orgue offert par l'Allemagne. Quelques heures après, nous étions dans le train de retour vers Moscou et j'entamai la lecture du guide d'Arkhangelsk.

Depuis, même si la lecture de ce livre m'a quelque peu éclairée sur cette ville, ma curiosité reste vive.

Il se trouve qu'un groupe de musiciens emmenés par le trompettiste français Erik Truffaz a lui aussi été marqué par Arkhangelsk et a donné le nom de cette ville à un album. "Arkhangelsk", sorti en 2007, rassemble les artistes Erik Truffaz, Marcello Giuliani, Marc Erbetta et Patrick Muller. Erik Truffaz et Joël Bastard expliquent dans le livret qui accompagne le CD, qu'au petit matin, à la fin d'un concert dans la banlieue de la ville, ils avaient été "stupéfaits, hallucinés" par le décor qu'ils découvraient en sortant prendre l'air hors du club. Des bâtisses en bois, "des maisons de travers à perte de vue" formant dans un paysage de neige "un décor de bande dessinée".

Erik Truffaz met en parallèle cette vision avec les constructions faites à partir de matériaux de récupération, sans instruments de mesure, par l'architecte Richard Greaves dans la forêt canadienne. "Notre musique est pareille à ces constructions chimériques. Petits riens sonores nés du chaos et liés par un fil invisible (...)", écrit-il.

Cette vision d'Arkhangelsk est toute différente de la mienne, mais on y retrouve le même sentiment d'incompréhension, de mystère, du comment ça marche, comment ça tient, comment les gens vivent ici. Encore une fois, juste par un fil.

Publicité
Publicité
Commentaires
Le fil
Publicité
Le fil
Archives
Publicité