Серый день (jour gris)
Aujourd'hui Moscou est prise dans la grisaille. "Le ciel est gris, les rues, les trottoirs aussi, et meme les gens sont gris", m'a dit ma professeur de russe ce matin.
A la meteo, la presentatrice avait annonce d'un ton joyeux un temps chaud ("teplo" en russe) pour la journee. Mais a peine avais-je mis le nez dehors, qu'un petit vent vif est venu me fouetter le visage. Si pour les Russes il fait "teplo", pour moi il fait "xolodna" (froid)...
Cette ville de Moscou, je voulais en parler sous le titre "Metropolis". Gigantesque en tout point, sa population (au moins 12 millions d'habitants), sa taille (Paris et les banlieues), ses rues quatre fois quatre voies parfois, sa circulation automobile, le flux des voyageurs dans le metro, l'architecture, etc. L'individu est ecrase.
C'est l'impression que mon premier sejour m'avait faite. Ce deuxieme voyage la confirme.
Quand j'ai demenage il y a quelques jours, je suis arrivee de nuit et en voiture chez ma nouvelle colocataire. Le lendemain, dimanche, elle s'en est allee pour la journee. J'ai eu tout de suite une petite apprehension et lui ai demande de m'indiquer avant qu'elle parte la direction a prendre pour aller a la station de metro. "Par la, tu suis le chemin. Tous ces gens y vont, tu n'as qu'a les suivre!" et elle s'est engouffree dans sa voiture.
"D'accord, je les suivrai... et apres tout, maintenant je sais demander mon chemin", ai-je pense. N'empeche, j'ai mis un petit moment pour preparer ma sortie pour aller reperer la station de metro et les magasins les plus proches.
Dans ces quartiers residentiels de Moscou, tous les immeubles se ressemblent, de grandes barres, blanches un temps, grisatres aujourd'hui, entourees de garages telles des boites metalliques posees la, a la va-vite, pour abriter les voitures de la nouvelle classe moyenne. Entre les batiments, des petits chemins qu'empruntent les habitants pour aller faire leurs courses dans les supermarches ouverts 24h/24h ou aux kiosques proches de la station de metro. Des arbres autour des batiments et peu d'eclairage.
On n'a peu envie de rester dehors quand la nuit tombe -actuellement a 18h30 ou des 17h30, s'il s'agit d'un jour "gris" comme aujourd'hui.
En fait, il y a tout le temps des gens qui passent sur ces petits chemins. Ils sont le quotidien des babouchkis chargees de sacs, des etudiants, des enfants avec leur mere perchee sur des bottes a talons aiguilles, des hommes qui se trainent une bouteille a la main, et de tout ceux qui n'ont pas de voiture.
Ma premiere sortie hors de l'immeuble, je l'ai faite en plein jour neanmoins ; je suis temeraire mais seulement a petites doses... Et j'ai reussi a retrouver mon chemin.
Finalement, il suffit de s'habituer a l'architecture pour reperer les petits indices qui font la difference entre les batiments et permettent de s'orienter : le petit kiosque qui vend du pain, le toit en metal bleu d'un hangar ou l'inscription qui indique un salon de coiffure au sous-sol d'un immeuble...